« Cette dame a eu une vie de dingue. Qu’elle n’a pas forcément voulue, mais son histoire reste incroyable« . Ce sont les mots d’Eric Florent, le président et fondateur de l’association Alice Milliat, hommage rendu à cette pionnière pas comme les autres. Son association, fondée en 2016, s’inspire justement du parcours du combattant de cette dame d’un autre siècle pour promouvoir le sport au féminin.
À moins de cent jours des JO de Paris 2024, l’association organise donc toute une série d’animations, d’ateliers, de conférences et de moments forts du vendredi 3 au dimanche 5 mai à Nantes pour lui rendre hommage. Un timbre à l’effigie d’Alice Milliat a ainsi été dévoilé. Un livre intitulé « Merci Alice » sera aussi présenté ce samedi 4 mai à la Maison des sports du quartier Bellevue à Nantes. Avec à l’intérieur la présentation d’une centaine de championnes olympiques et paralympiques françaises.
Plusieurs temps forts
L’ensemble des activités du week-end est détaillé sur le site de l’association Alice Milliat. Et il y a de quoi faire. Les handballeuses des Neptunes de Nantes joueront même avec un maillot spécial ce dimanche 5 mai contre Nice au complexe Mangin-Beaulieu pour rendre hommage à cette figure locale, pourtant peu connue du grand public.
Alice Milliat a en effet vu le jour à Nantes un 5 mai 1884. Fille d’un couple d’épiciers, elle s’expatrie à Londres au début du 20ème siècle et découvre plusieurs sports, dont le hockey sur gazon et l’aviron. Conquise par cet univers, elle décide de revenir en France et rejoint Femina Sport, l’un des tout premiers clubs dédiés aux femmes en France. Elle en devient la présidente dès 1915.
Sportive accomplie à une époque où les femmes n’ont pas les mêmes droits que leurs homologues masculins, elle brave les interdits pour permettre à ses consœurs de pratiquer leurs disciplines favorites. Et surtout d’avoir accès à la reconnaissance. En octobre 1921, Alice Milliat fonde la Fédération Sportive Féminine Internationale (FSFI).
Un an plus tard, le 20 août 1922, face au refus du baron Pierre de Coubertin d’organiser des Jeux paritaires, elle proclame ouverts les premiers Jeux Olympiques féminins devant plusieurs milliers de personnes à Paris.
Des Jeux paritaires, un siècle après
La suite de la carrière d’Alice Milliat sera jonchée d’embuches, et la pionnière de son époque meurt dans l’anonymat en 1957. Aujourd’hui, son nom reste encore peu connu du grand public. « On fait tout pour faire découvrir son parcours et sa vie aux plus jeunes désormais« , insiste Eric Florent. Pour montrer le combat d’une dame pas comme les autres, déjà en avance sur son temps.
Aujourd’hui, comme une revanche sur le temps, les Jeux Olympiques de Paris 2024 seront les premiers Jeux égalitaires de l’Histoire. Un siècle après les Jeux féminins d’Alice Milliat. « Preuve aussi que les choses changent« , selon Eric Florent. « Même s’il reste encore beaucoup à faire pour développer le sport féminin« .
Aujourd’hui, une cinquantaine d’équipements publics (gymnases, salles, prochainement une école) portent le nom d’Alice Milliat en France.
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