Pourquoi des oiseaux et nénuphars disparaissent ? Comment se dégrade la flore et quels impacts pour l’homme ? En observant ce qu’il se passe au lac de Grand-Lieu, on comprend les conséquences du réchauffement climatique sur la biodiversité. Et donc sur l’homme. Car même protégée, l’exceptionnelle réserve nationale, encore très riche en espèces végétales et animales, notamment piscicoles, subit de plein fouet cette pression (1). Certes, tout n’est pas imputable au changement de température, mais cela aggrave certains phénomènes. Rencontre avec Jean-Marc Gillier, directeur de l’espace naturel géré par la société nationale de la protection de la nature (SNPN).
Eau à 36 °C
Depuis 2018, des sondes mesurent la température toutes les dix minutes à différents endroits du lac de Grand-Lieu. Peu profond, il est ultrasensible aux variations. Alors quand on connaît des canicules longues et intenses, comme l’été dernier, ça monte très vite ! « Jusqu’à 36 °C ; ça devient subtropical ! » Un triste pic dont se souvient Jean-Marc Gillier, alors que l’eau devrait rester sous la barre des 30 °C. Les récentes pluies et les températures autour de 20 °C sont-elles de nature à rassurer ? « On a en effet l’impression d’une pause, mais ça ne suffira pas. » Certains processus sont lancés.
Marée verte
Comme la marée verte. « Vous avez vu la couleur de l’eau en arrivant ? », demande l’expert. C’est vrai, elle est toute verte. Elle devrait être transparente.
Ce qui donne cet aspect verdâtre, c’est la prolifération de microalgues. Elles adorent quand l’eau est chaude car renchérie en azote et en phosphore. « On en avait de temps en temps, avant. Problème : ça devient une normalité. Ce n’est pas bon du tout », alerte Jean-Marc Gillier.
Botulisme et cyanobactéries
Car cette eau de mauvaise qualité, soumise à toujours plus de chaleur, forme de super conditions pour le développement du botulisme, responsable de la mort de plusieurs centaines d’oiseaux chaque été.
Idem, les cyanobactéries produisent des toxines. Bien connues des voileux sur l’Erdre, elles sont à l’origine de certaines interdictions de pratiquer un sport ou de se baigner. Qu’en est-il des poissons pêchés dans cette eau puis mangés par l’homme ? Le directeur reconnaît que l’« on n’en connaît pas encore réellement toutes les conséquences sur l’homme et sur l’écosystème. C’est assez récent comme phénomène ».
Des microalgues prolifèrent, créant une marée verte. © Ouest-France
Moins d’oxygène
À cause des microalgues, la végétation sous-marine s’appauvrit. Elle libère donc moins d’oxygène. « Certaines zones en sont carrément privées, toute ou partie de la journée », relève le chef de la réserve naturelle nationale.
Si les poissons peuvent se déplacer, ce n’est pas le cas des larves d’insectes ou des moules d’eau douce, dont la population a complètement disparu dans des secteurs entiers. De quoi encore simplifier le milieu où la vie animale et végétale n’est tout simplement plus possible.
Des espèces disparaissent…
Sandres et anguilles, que les pêcheurs professionnels trouvaient autrefois en abondance, c’est terminé. Ils n’arrivent plus à trouver la nourriture nécessaire, les organismes ayant du mal à se développer.
Quant aux nénuphars – emblèmes du lac – dont on trouve ici la plus grande concentration française, ils ont fondu de 9 % entre 2015 et 2021. Belle zone refuge notamment pour les guifettes moustac (2), « leurs feuilles à la surface ont grillé en grande partie l’été dernier, avec les pics de chaleur », a constaté le scientifique. Ils ne peuvent plus remplir leur rôle d’îlot de fraîcheur pour faire baisser la température de l’eau.
De nombreux papillons et oiseaux partent plus au nord de l’Europe, chassés par le réchauffement climatique. Qui, ajouté à l’urbanisation, l’évolution des paysages, de l’agriculture, a provoqué « la perte de 25 % des oiseaux en vingt ans, note Jean-Marc Gillier. C’est notamment le cas des passereaux, verdiers, alouettes, bruants. »
Ou apparaissent
En parallèle, les conditions générales sont de plus en plus proches du milieu d’origine de certaines espèces exotiques envahissantes, telles que les ragondins, les écrevisses de Louisiane ou la jussie, arrivées ces dernières décennies.
Même migration du sud vers nos régions pour l’ibis falcinelle, venu de Camargue. De quelques couples apparus il y a cinq ans, on en décompte aujourd’hui 250. Même scénario pour l’anax napolitain, cette grande libellule qui se reproduisait plutôt au Maroc et qui le fait ici désormais.
Un milieu appauvrit fragilise l’homme
Plus un écosystème est riche, plus il a la faculté d’absorber la pollution et de stocker du CO2. Et donc de maintenir un équilibre pour l’homme. « Normalement, Grand-Lieu a cette fonction de protection… Mais ça devient de moins en moins vrai. Le lac supporte de moins en moins le réchauffement. Il est le témoin de ce qui se passe de façon globale », s’inquiète l’observateur. Or, avec l’accélération du dérèglement climatique, il y a urgence à trouver des puits de carbone, sans lesquels la vie humaine se retrouve fragilisée.
Jusqu’à quand le lac arrivera-t-il à encaisser ? Le scientifique s’interroge : « On fait encore des découvertes, l’espace est extrêmement riche, mais pour combien de temps encore ? »
(1) Grand-Lieu est le plus grand lac de plaine de France. Il doit son nom à sa grande superficie. En été la surface en eau atteint 22 km2. Lors de la montée des eaux hivernales, il peut dépasser 60 km2 sur une surface totale de 2 700 ha. En revanche, sa profondeur reste toujours faible : 70 cm l’été, 2 m l’hiver.
(2) Brière (en Loire-Atlantique) et Grand-Lieu accueillent 50 % de la population nationale.
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