Moussa, comment abordez-vous cette rencontre face à Paris ?
Très sereinement, avec beaucoup d’envie, de détermination, beaucoup d’excitation. Tous les matchs de Ligue 1 sont des bons matchs à jouer, mais encore plus face à des grosses équipes comme Paris, face à une équipe qui a l’habitude de jouer la Champion’s League et qui espère la gagner très rapidement. On essaie de peaufiner les derniers petits réglages pour être prêt le jour J.
Il n’y a pas donc pas de complexe à avoir quand on affronte une telle équipe ?
Non, surtout pas. On sait que sur le papier, ils sont favoris. Aujourd’hui, ils sont à un niveau international. On connaît notre position, nos qualités comme nos faiblesses. On va aller là-bas avec nos avec nos forces. On sait que dans un match de football, tout est tout est possible et on va aller là-bas avec beaucoup de beaucoup d’envie, de motivation et de détermination pour revenir à Nantes avec quelque chose.
Avoir battu Nice samedi est un motif d’espoir supplémentaire dans ce genre de rencontre ?
Un petit peu, oui, parce que Nice, depuis le début de saison, est redoutable. Ils étaient invaincus avec très peu de buts concédés. Ils étaient en course avec Paris et le fait de les avoir battus à domicile nous a fait beaucoup de bien. Et je pense aussi que la manière était très intéressante. Ça a donné une belle victoire, un beau match et une équipe qui allait vers l’avant.
Comment faire déjouer cette équipe de Paris ?
Je ne sais pas s’il y a vraiment un plan pour les faire déjouer parce qu’ils ont tellement de joueurs de qualité, avec plusieurs profils et des qualités différentes que si le plan A ne fonctionne pas, Ils peuvent utiliser le plan B, voire le plan C. Sur ce genre de match, le plus important c’est d’essayer d’abord de très bien défendre parce que quand tu joues contre ce genre d’équipe, ils ont la plupart du temps la possession du ballon et essaient de te mettre en danger. Et après, quand on a le ballon, on sait aussi qu’ils portent beaucoup de joueurs vers l’avant et qu’ils laissent pas mal d’espaces entre les lignes, voire à l’opposé. On devra essayer de bien jouer le coup, essayer d’être serein avec le ballon, ne pas se précipiter. Parce que je pense que durant la saison, on a montré à de nombreuses reprises qu’on pouvait très bien ressortir et que ça pouvait mettre en danger l’équipe adverse. Je pense que ce sera quelque chose à utiliser ce week-end.
« Il y a d’autres grands joueurs à côté de Kylian »
Une des clés de la victoire face à Nice a été ce milieu à trois qui s’est montré très fort. Est-ce que ça sera aussi un des enjeux du match face à Paris ?
Pas seulement contre Paris. On sait que dans un match de football, le cœur du jeu est très important, mais encore plus face à des équipes comme Paris. Il va falloir être encore plus vigilant, plus solides et plus disciplinés. Les joueurs qui joueront devront être performants et faire tous les efforts qu’il faut pour répondre présent lors de ce match-là, parce que ça ne va pas être facile. On joue face à de très grands joueurs, mais il ne faudra pas être « petit bras » parce qu’on a aussi des joueurs de qualité qui savent jouer au football, qui peuvent faire des différences. On va subir à certains moments, on le sait, mais il faut qu’on leur fasse dès qu’on le peut.
Affronter le PSG qui va disputer ensuite un match ultra-décisif à Dortmund en Ligue des champions, c’est une bonne chose ? Quand on dispute un match de championnat avant un rendez-vous en Ligue des champions, est-ce qu’on se gère un peu plus ?
Non. C’est vrai qu’on y pense forcément, mais on se dit aussi que la meilleure façon de préparer le match d’après, c’est de préparer le match qui arrive. On essaye généralement d’être performant, de se rassurer, de gagner et de plier le match au plus vite Peut-être qu’eux le feront différemment. Je ne suis pas dans leur tête et je n’ai parlé avec aucun joueur de Paris.
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Kylian Mbappé, c’est ce qui se fait de mieux au monde. Quel regard portez-vous sur lui ?
Ce qu’il fait depuis pas mal d’années est impressionnant. Il fait partie des trois ou quatre meilleurs joueurs au monde. Je suis très content pour lui parce que c’est un ami, mais ce week-end, on sera ennemis. On sait qu’il faut faire attention parce qu’à tout moment, il peut te mettre en difficulté et sortir un coup de génie. Mais il n’y a pas que Kylian. Si tu ne te focalises que sur lui, il y a d’autres grands joueurs à côté qui peuvent faire la différence.
Jocelyn Gourvennec parlait de l’importance d’avoir des relais avec des joueurs d’expérience. Est-ce que vous avez le sentiment que vous bénéficiez d’une nouvelle confiance ?
Sans le cacher, oui, j’ai cette impression-là. Il est arrivé, il a discuté avec pas mal de joueurs, dont moi. C’est quelqu’un qui sait par où je suis passé, qui connaît mes qualités, mon expérience du haut niveau. Donc il s’appuie forcément sur moi. C’est quelque chose que je fais aussi naturellement. Mais l’important, avant tout, c’est d’être bon sur le terrain, d’essayer d’être un leader et de montrer la meilleure voie possible pour les coéquipiers.
« Si j’avais lâché physiquement, j’aurais lâché mentalement »
Outre les applaudissements à votre sortie contre Nice, est-ce que vous avez l’impression de retrouver votre football ces derniers temps ?
Déjà, c’est toujours plus plaisant de recevoir des applaudissements que des huées. Mais voilà, ça fait partie d’une carrière, il faut faire avec. C’est ce que j’ai toujours fait. Après, c’est vrai que sur les dernières rencontres, je me sens mieux, j’ai le sentiment de monter en puissance. Si vous avez bonne mémoire, lors de mon arrivée au FC Nantes, j’avais dit que plus je jouerais, mieux je me sentirais, et que ça allait être plus facile pour moi. J’ai eu la chance d’enchaîner entre le match du Havre et le match de Nice, donc ça m’a fait du bien et je pense avoir aussi répondu présent sur le terrain. À moi de continuer d’élever mon niveau et essayer d’être performant pour aider l’équipe à atteindre ses objectifs.
Justement, après Le Havre, vous aviez parlé de renouveau. C’est ce que vous ressentez actuellement ?
Ouais, un petit peu. On sait que depuis le début de saison, ça n’a pas été évident pour moi. J’ai dû prendre mon mal en patience. Encore une fois, ce sont des choses qui arrivent dans une carrière, même si ce n’est pas plaisant. Mais voilà, j’ai eu la chance d’enchaîner deux matches d’affilée, ce qui ne m’était pas arrivé depuis très longtemps. Donc c’est bien, c’est pour ça que j’ai parlé de renouveau. À moi d’essayer de continuer sur cette lancée. Mais bien sûr, ce sera avec l’aide de tous mes coéquipiers.
Est-ce qu’il y a eu des moments plus difficiles que d’autres ? À quoi vous êtes-vous raccroché pour remonter la pente ?
J’avais la chance d’être en bonne santé, de pouvoir venir m’entraîner tous les jours, être au côté des coéquipiers, de rentrer parfois en jeu… C’est déjà magnifique. Après, bien sûr, je suis un compétiteur, j’ai envie de jouer, d’aider les coéquipiers, de prendre plaisir sur le terrain. Mais parfois, il y a des choix qui sont faits, qui peuvent être plaisants ou difficiles à digérer. Il faut faire avec, ça fait partie de la vie d’un sportif. J’ai fait le dos rond, j’ai essayé de faire du mieux que je pouvais en restant sérieux à l’entraînement et essayant aussi d’aider les coéquipiers qui étaient sur le terrain. Et je pense que le fait d’avoir fait ça par le passé, c’est ce qui me permet d’être sur le terrain aujourd’hui et de répondre présent. Parce que si j’avais lâché physiquement, j’aurais lâché mentalement. Je pense que je n’aurais pas pu jouer face au Havre ou Nice.
Ça traverse l’esprit éventuellement à un moment de se dire « je lâche, j’ai un statut, on devrait me respecter » ?
On pourrait des fois, honnêtement. Ce n’est pas facile quand on se lève, ça trotte un peu dans la tête, mais il faut passer au-dessus. C’est quelque chose que j’ai toujours su faire durant ma carrière. Je suis passé par des étapes un peu plus compliquées, mais j’ai toujours su renverser la vapeur. Le fait d’avoir sa famille à ses côtés aussi, les coéquipiers qui sont là tous les jours, qui te soutiennent… Je pense que ça, ça aide vraiment.
Le drame de FC Nantes – OGC Nice, « des choses qu’on ne souhaite pas voir dans ce monde »
Vous avez vécu une intersaison mouvementée, avec les rumeurs de départ, comment l’avez-vous vécu ?
Dans ma tête, c’était clair. J’étais joueur du FC Nantes, je n’avais parlé avec aucun club. J’entendais des bruits mais bon… Dans la presse, on entend toujours des bruits, il y a toujours des rumeurs. Moi, j’étais serein. Après peut-être que des gens s’attendaient à mon départ, mais j’étais quasi persuadé que j’allais être joueur du FC Nantes durant la saison.
Est-ce que vous estimez avoir été jugé trop sévèrement ?
Si on me demande, je dirais que oui. Après chacun est libre de penser ce qu’il veut. Je pense qu’à certains moments, on m’a trop tiré dessus. Après le pourquoi du comment, je ne le saurai pas. Mais ce genre de choses ne m’atteignent pas. Pas plus que ça. Quand on voit des mauvaises choses dans la presse, en ce qui me concerne, ça atteint un peu plus les membres de ma famille ou mes proches. Je suis dans le milieu depuis très longtemps. Un jour c’est vert, un jour c’est rouge. Donc je fais avec et je sais comment surmonter tout cela. Et si je ne savais pas le faire, je pense que j’aurais été enterré depuis longtemps. J’aurais peut-être même arrêté ma carrière.
Après le drame qui s’est produit ce week-end à Nantes avec ce supporter qui a été tué, le vice-président de la LFP a dit hier qu’il y avait pas mal de joueurs, de clubs, qui avaient désormais peur de se déplacer. Est-ce que vous avez déjà été confronté à cette peur ?
Non. Honnêtement, c’est quelque chose qui ne m’est jamais arrivé et j’espère que ça n’arrivera pas. C’est quelque chose de dramatique. On est peiné pour ce supporter et toute sa famille. Ce sont des choses qu’on ne souhaite pas voir dans ce monde. Maintenant, il y a des choses qui sont mises en place. On va essayer de gérer tout cela au mieux.
Vous aviez déjà été confronté à ce type de drame lorsque vous jouiez à Toulouse avec la mort de Brice Taton à Belgrade. Comment aviez-vous réagi ?
Ça remonte à très longtemps, il y a plus de treize ans. Je ne pourrai pas revenir là-dessus, mais comme je l’ai dit, ce sont des choses qui n’ont pas lieu d’être dans la vie. Des gens haut placés feront l’enquête et feront ce qu’ils ont à faire pour déterminer tout ce qui s’est passé. Mais en tout cas, ce ne sont pas des choses que l’on souhaite voir.
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