« J’ai passé mes plus belles années d’entraîneur à Nantes, reconnaissait-il le 19 mars dernier lors de sa présentation à la presse. On a eu la chance de vivre de grandes émotions. Ça a été une grande surprise que Franck m’appelle. Je ne pensais pas revenir si tôt. J’arrive ici avec des repères, même si ce n’est pas un gage de succès… Si je viens, c’est que je suis persuadé qu’on est capable de le faire. »

Concernant l’idée de retravailler avec le boss du FCN, l’ancien défenseur façonné à la Jonelière n’a pas exprimé la moindre crainte. « On a échangé. Si je suis ici, c’est grâce à lui, a-t-il martelé. Qu’on ne s’entende pas, c’est une chose. Mais le plus important est que Nantes reste en Ligue 1. On sera heureux tous les deux quand notre club sera maintenu. » Pour la troisième fois de sa longue carrière d’entraîneur, Antoine Kombouaré est appelé afin d’endosser le costume de pompier de service.

Dans ce rôle, l’ex-coach du PSG a plutôt bien réussi. Hormis le crash toulousain lors de l’exercice 2019-2020 (onze défaites en treize matches et une mise à l’écart deux mois et demi après son intronisation), il a été le sauveur de Dijon la saison précédente. Lorsqu’il remplace l’historique Olivier Dall’Oglio (six années consécutives sur le banc du DFCO) début janvier 2019, le club bourguignon est dix-huitième de Ligue 1. Six mois et 25 matches plus tard (une moyenne de 1,12 point par rencontre), il assure le maintien à l’issue d’une double-confrontation en barrages face à Lens (1-1, 3-1).

Laurent Weber, l’ex-entraîneur des gardiens de l’équipe première de Dijon, a vite adhéré à la méthode Antoine Kombouaré et n’a conservé « que des bons souvenirs » de cette collaboration. « C’est quelqu’un de très bien. La preuve, je suis resté en contact avec lui. Je l’ai d’ailleurs félicité pour sa nomination à Nantes, nous confie-t-il. Antoine arrive à fédérer les gens autour de lui car il est honnête et droit. On peut compter sur lui. En plus, c’est un coach qui s’intéresse beaucoup aux gardiens de but, il aime ce poste. Nos échanges sur ce sujet étaient très intéressants. »

Les causeries du Kanak, Laurent Weber ne les a pas oubliées non plus. « Les jours de match, il sait y faire en touchant les personnes au plus profond d’elles-mêmes. Comme Jean-Louis Gasset que j’ai côtoyé à Istres (2005-06), Antoine est une personne passionnée. C’est pour cela qu’il dure dans le temps et que les clubs n’hésitent pas à le rappeler. » Après juin 2019, Dijon souhaitait d’ailleurs poursuivre la collaboration. Mais Antoine Kombouaré a décliné l’offre à la suite d’une période de réflexion de quinze jours.

Un an et demi plus tard, le voilà sur le banc de Nantes après l’échec du pari Raymond Domenech. « Antoine a le profil idéal pour gérer ce groupe« , clamait Franck Kita le 11 février 2021 avant de lancer l’opération maintien. Pour son premier passage sur le banc de son « club de cœur », le technicien a redonné le sourire aux supporters des Jaune et Vert. Après les avoir sauvés d’une descente en L2 à la suite des barrages contre Toulouse (2-1, 0-1), il guide le FCN à la neuvième place de L1, la saison suivante, avec un jeu plus audacieux et marqué par l’efficacité du trio Simon-Kolo Muani-Blas. Mieux, il soulève la Coupe de France 2022 (face à Nice, 1-0) – premier titre nantais depuis 21 ans et le sacre de la bande à Raynald Denoueix – et permet à la Beaujoire de vivre de nouvelles soirées européennes avec en point d’orgue ces retrouvailles, vingt-sept ans après, avec la Juventus Turin. Mais deux mois plus tard, il se fait limoger après la cuisante défaite en finale de Coupe de France contre le TFC. Une humiliation qui n’a pas altéré son bilan global nantais.

Rappeler Antoine Kombouaré est-il donc un bon choix pour le FC Nantes ? « Il est capable de relever ce genre de défi, nous confie l’ancien milieu Yacine Abdessadki, qui a explosé à Strasbourg en 2003-04 sous la houlette du Kanak, tout en rappelant que son ancien coach est capable de tenter des paris même si le contexte est compliqué. A l’époque, j’avais 23 ans et il m’avait titularisé en tant qu’arrière latéral même s’il y avait déjà deux joueurs sur le poste et qu’on jouait le maintien. Il a fait tout le nécessaire pour que je sois au plus haut niveau sur les aspects mentaux et émotionnels. Il avait aussi vu que j’étais bosseur donc le courant était bien passé. Vingt-et-un ans après ses débuts sur un banc professionnel, je pense qu’il n’a pas changé de ligne de conduite. »

Steve Savidan a connu ses plus belles années d’attaquant sous sa coupe à Valenciennes (2005-2008). Retiré des terrains depuis quinze ans, l’ancien international français (une sélection) comprend également que la hype Antoine Kombouaré, devenu depuis son « ami« , continue d’opérer en Ligue 1. « Il ne gueule pas pour gueuler mais c’est quelqu’un qui a du charisme. Il appuie sur l’essence même de chaque personne, c’est-à-dire ses points positifs, souligne-t-il. Son coaching est basé sur la confiance et l’honnêteté. A partir du moment où tu respectes ces critères-là, tout se passe bien. A l’inverse, tu as compris ce qui arrive (rires)… ».

Car avec Antoine Kombouaré, pas de passe-droit. A l’époque en compétition pour le titre de meilleur buteur de L1 avec Pedro Miguel Pauleta (2006-07), Steve Savidan avait fait les frais de l’intransigeance de son entraîneur. « A un moment donné, je me suis un peu perdu dans mes objectifs. Il avait organisé une réunion et ça avait été très, très tendu. J’avais été à la limite de l’expulsion temporaire de l’équipe. C’était pour me resensibiliser sur mes objectifs. Et au final, ça avait bien marché. »

Pour tirer le maximum de son effectif, Antoine Kombouaré alterne entre la carotte et le bâton. Dans le deuxième cas, cela peut laisser des cicatrices. « Sur le court terme, l’utilisation du bâton marche car le manque de temps ne permet pas de développer les capacités mentales et émotionnelles de l’individu, décrypte Yacine Abdessadki, reconverti expert en optimisation des performances et en développement personnel. Sur le plan humain, ça peut se dégrader dans la durée car l’individu n’aime pas qu’on lui rentre dedans. »

« Antoine Kombouaré ? Je ne souhaite pas témoigner sur ce monsieur, rien à dire sur lui« , nous écrit d’ailleurs un ex-joueur de Dijon. Même son de cloche chez un ancien membre de l’effectif de Guingamp (où il a passé deux saisons entre 2016 et 2018), qui a lui aussi préféré conserver l’anonymat : « Il n’a aucune psychologie. Tu trouveras pas mal de joueurs qui ne l’ont pas apprécié. C’est un bon coach pour sauver un club mais pas dans la durée« .

Même si la méthode Antoine Kombouaré ne plaît pas à tout le monde, le technicien de 60 ans a-t-il les épaules pour sauver le FC Nantes une nouvelle fois ? Pour Steve Savidan, « ça peut bien se passer si les joueurs l’écoutent« . « Ce qui est intéressant, c’est qu’il connaît la structure. Donc, il ne va pas perdre de temps. Je le connais, il va aller à l’essentiel à savoir d’abord les deux prochains matches puis décomposer des mini-objectifs dans le cadre d’un objectif global. » Nice et Lyon, les prochains adversaires de Nantes sont prévenus.