Quand on quitte Paris par le périph’en direction de l’ouest de la France, Bordeaux, Orléans et Nantes s’affichent sur les panneaux indicateurs. Il faut parcourir plus de 50 km, jusqu’au péage de Saint-Arnoult et la bifurcation vers l’A11, pour -enfin- apercevoir la mention « Rennes ». La signalétique routière ferait-elle partie d’un vaste complot visant à éclipser la capitale administrative de la Bretagne au profit de sa capitale historique ? Sur le papier, il paraît en tout cas difficile pour Rennes de se mesurer à sa rivale de toujours.

La raison est avant tout démographique. D’un côté, Nantes, sixième ville de France avec 320 000 habitants et une agglomération qui pourrait dépasser le million d’âmes d’ici à vingt ans. De l’autre, Rennes, 220 000 habitants, onzième ville de l’Hexagone. Une grande ville moyenne vivotant à l’ombre de son indétrônable grande sœur… Sur les berges de la Vilaine, de quoi cultiver un léger complexe d’infériorité (si, si), trop inhibé pour être vraiment assumé ?

Le Mensuel de Rennes a décidé d’en finir avec tout ça. Une bonne fois pour toutes. Cette enquête garantie 100 % impartiale liste les arguments qui permettent de l’attester : Rennes, c’est mieux que Nantes. Et on vous explique pourquoi.

LGV rennaise contre tortillard nantais

D’emblée, on est tenté de commencer par dire que l’architecture rennaise est plus typique. Et plus bretonne. La capitale de l’Ille-et-Vilaine compte 350 édifices à colombages, contre moins d’une dizaine pour sa voisine « sudiste » (de Bretagne).

Quand les maisons à pans de bois rennaises se blottissent le long de ruelles étroites et pavées, Nantes étale ses bâtiments haussmanniens le long des grands boulevards et ses passages aux airs parisiens. À côté de Nantes, Rennes est une ville à « visage humain », confirment certains Nantais exilés sur les bords de la Vilaine. A contrario, la ville des bords de Loire serait trop grande, trop speed, trop étalée.

Nantes serait trop grande, trop speed, trop étalée

Et puis, il y a les données objectives qui attestent que la préfecture de la Loire-Atlantique a plein de raisons de nous envier. Prenez les transports par exemple. Avec sa ligne à grande vitesse qui la met à 1 h 24 de Paris, Rennes terrasse sa voisine dont les tortillards se traînent à 2 h du cœur du pays. Sans parler de l’uppercut du métro rennais asséné au tram nantais, définitivement mis KO après l’arrivée de la ligne B.

FC Nantes 0, Stade Rennais 1

Côté sportif aussi, Rennes est en pleine renaissance avec son club de foot. On pourra toujours concéder que le FC Nantes possède un palmarès long comme une page de l’omnipotent Ouest-France en Loire-Atlantique -huit titres de champion, quatre Coupes de France- et que Rennes est un peu le Poulidor du foot français – « seulement » trois Coupes de France.

Mais, la dynamique est clairement en faveur des Rouge et noir. Le Stade rennais est, depuis plus de cinq ans, (presque) toujours dans le Top 5 de la Ligue 1. À l’inverse, le FC Nantes flirte avec la relégation. Désormais, le budget des Rennais dépasse celui des Canaris, tellement cuits que leur joueur star -Ludovic Blas- est passé dans le camp de l’ennemi en début d’été.

Ville écolo

Les bons classements rennais ne se limitent pas au foot. En matière d’environnement par exemple, Rennes challenge Bordeaux, élue ville « la plus verte de France » dans le palmarès des communes les plus écolos paru dans Le Parisien en avril 2023. Nantes est, elle, quatrième. Dans la même lignée, la ville du Parlement obtient une note de 3,74/5 dans le baromètre 2021 des villes cyclables de France orchestré par la Fédération française des usagers de la bicyclette (Fub) contre 3,64 pour Nantes.

Les bons classements rennais ne se limitent pas au foot

Rennes truste aussi la troisième place du podium du classement des villes où il fait bon vivre d’après un sondage effectué fin 2022 par Opinion Way, quand Nantes est 22e sur 40. Certes, sur le plan de l’attractivité économique, Rennes reste, démographie oblige, l’éternelle outsider. Elle peut néanmoins se consoler en étant le fief de plusieurs milliardaires de renom dont la famille Pinault.

Efforts pour se rabibocher

La cinquième édition de l’enquête sur l’attractivité des métropoles françaises de la plateforme de recrutement Hellowork, parue en septembre 2022, a consacré la ville pour son dynamisme économique, devant Nantes (deuxième). Côté sécurité, malgré les esprits anxiogènes qui dépeignent la capitale de la galette saucisse comme une banlieue de Caracas, la ville apparaît comme l’une des plus safe de France dans sa catégorie. Bien plus que sa voisine.

Dans le domaine universitaire, le regroupement de plusieurs établissements rennais d’enseignement supérieur au sein de l’université de Rennes début 2023 a également permis à la capitale bretonne de dépasser Nantes dans le dernier classement de référence de Shanghai. Des universités, terreau de la culture contestataire des deux voisines. Mais là encore, ce sont les étudiants rennais qui tiennent le haut du pavé, malgré le talent indéniable des Nantais.

Vraie ou fausse capitale ?

Ok, la cité des Ducs surclasse encore Rennes dans de nombreux domaines. Il semblerait pourtant bien que Nantes, à l’image de ses Canaris, ne survole plus totalement le ciel de la Bretagne historique. Une Bretagne dont elle a d’ailleurs perdu le statut de capitale avec la fin de l’indépendance du duché au XVIe siècle, puis le détachement par Pétain en 1941.

Lot de consolation, la ville d’Anne de Bretagne est devenue capitale, en 1960, de la région -en kit, diront les mauvaises langues- des Pays de la Loire. Une séparation de la Bretagne qui freine la collaboration entre les deux métropoles, malgré les efforts des deux villes pour se rabibocher. Mais les projets aboutissent rarement. Un peu comme dans une histoire d’amour vache.