Qui d’autre qu’un abonné des clubs bretons, et donc des derbies, pouvait inscrire le premier but d’un FC Nantes-Lorient en championnat ? Vingt-cinq ans après ce penalty, inscrit un samedi de septembre 1998, « et qui n’est pas le plus beau de [s]a carrière », le milieu de terrain Christophe Le Roux a accepté d’ouvrir la boîte à souvenirs, à l’occasion du nouveau duel entre Merlus et Canaris, prévu ce samedi à la Beaujoire, « stade très puissant« .
Pendant plus d’une demi-heure, il a été question de ce match si singulier à ses yeux, de sa découverte de ce qui se faisait de mieux dans le football français de l’époque et donc évidemment de « Coco » Suaudeau, Raynald Denoueix, Christian Gourcuff ainsi que d’un transfert qui a fait grincer des dents. Entretien fleuve avec un Merlu dans l’âme, à la recherche d’une nouvelle aventure dans le monde du foot, « sa vie« , comme il le dit sans détours.
« Il y a des buts, même si ce ne sont pas les plus beaux, qui ont un impact important »
France Bleu Loire Océan : Quel souvenir conservez-vous de ce premier match en championnat du FC Nantes face à Lorient, il y a 25 ans ?
Christophe Le Roux : Je me doutais que j’allais être titulaire. Par contre, je sais aussi qu’en face, Lorient, c’est ma ville. Ma famille y est, c’est le club dans lequel j’ai débuté avec un entraîneur, Christian Gourcuff. Il m’a fait grandir et franchir les paliers pour que je puisse signer à Nantes. Les joueurs, je les connais, les dirigeants aussi. En plus, c’est la première fois que le club vient à la Beaujoire en Première division, donc c’est forcément quelque chose d’important, mais on essaie de faire abstraction, on laisse le téléphone de côté pendant la semaine et on se concentre sur le match qui est important et où il n’y a pas de cadeau à faire. On avait plus l’habitude de faire des amicaux d’avant-saison où les clubs cherchent des adversaires qui ne sont pas loin, mais pour moi, c’était la première fois depuis mon départ de Lorient en juillet 96 que j’affrontais un club qui compte toujours pour moi. En plus, de le recevoir en championnat à la Beaujoire, c’était quelques chose d’exceptionnel.
Et vous êtes sollicité, en fin de première mi-temps, quand les Canaris obtiennent un penalty pour égaliser…**
J’étais devenu le tireur attitré du FC Nantes et j’avais une routine. Je me mettais dans ma bulle et je savais très bien quel côté je choisissais, c’était très précis dans ma tête. J’étais un tireur qui, quelle que soit la position du gardien, frappait à l’endroit où je l’avais décidé, point barre. En général, quand on choisit un côté et qu’on y met la force nécessaire et avec de la conviction, rares sont les mauvaises surprises. Mais il y a des buts, même si ce ne sont pas les plus beaux, qui ont un impact important et là, ça avait été le cas. Ce match avait une saveur particulière pour moi parce que j’avais quitté Lorient, deux ans auparavant, pour rejoindre un club qui à ce moment-là était bien plus huppé que le FC Lorient et avait une histoire très importante, par le jeu à la Nantaise, ses hommes, ses entraîneurs.
Vous fêtez ensuite ce but ce qui peut-être étonnant étant donné que vous êtes un ancien Merlu ?
Mais c’est quelque chose qui me caractérise. J’ai eu beau changer de club breton, je me suis toujours impliqué de la même façon. Je suis un compétiteur et je voulais qu’on égalise parce qu’on avait été mené rapidement 1 à 0 à la Beaujoire. Il y a un match à gagner donc mentalement, ce n’est pas non plus une joie où je vais chambrer le public lorientais. Non, je suis juste heureux et je voulais le faire partager. Quand vous êtes sur un terrain à tout donner pendant 90 minutes, vous faites abstraction de l’adversaire, du public ou des gens que vous connaissez en tribune. Après, il faut aussi voir le contexte du match. S’il avait eu lieu en fin de saison, que Lorient avait besoin de points pour se maintenir, mon attitude aurait été différente. Là, ce n’est pas comme si je condamne Lorient quand je frappe ce penalty.
Aviez-vous quitté le FC Lorient dans l’optique de franchir un cap dans votre carrière ?
C’est exactement ça. J’avais commencé ma carrière à 17 ans, j’ai fait mon parcours essentiellement à Lorient et Guingamp. Et avant de partir à Nantes, je sors de deux saisons avec Lorient en National et en Ligue 2 et, forcément, à 27 ans et alors que j’avais déjà 10 ans de football derrière moi, je n’avais plus de temps à perdre. Pour moi, c’était le moment ou jamais de franchir le pas, d’autant que je n’avais jamais connu l’élite. Je voulais m’installer dans un club qui avait une philosophie du football avec laquelle je me retrouvais complètement. À Lorient, j’avais un entraîneur qui s’appelait Christian Gourcuff et qui a été très inspirant pour moi. Lui aussi était content de me voir quitter le club pour aller à Nantes parce que c’était Suaudeau, Denoueix, ça valorisait aussi quelque part son travail et je n’ai pas été déçu par la suite. C’était le club qui me correspondait, au moment où il fallait pour continuer à grandir et devenir le joueur que j’ai pu être par la suite. C’est pour ça que ce match avait aussi une saveur particulière pour moi.
« Dans l’approche, Suaudeau est l’entraîneur qui m’a le plus marqué »
Mais vous décidez de partir pendant l’hiver à Rennes. Pourquoi ce choix qui peut paraître étonnant ?
Mickael Landreau, Nestor Fabbri, Eric Carrière, Alioune Touré, Jean-Marc Chenelet, Salomon Olembé, j’en oublie peut-être, mais c’est une équipe qui m’a marquée parce que cette saison a une saveur particulière pour moi. Ça se passe bien à Nantes, j’entame ma troisième saison et je quitte le navire au mois de janvier, au mercato d’hiver, pour rejoindre le Stade Rennais. Mais cette saison-là, je fais six mois qui avaient été exceptionnels sur le plan du jeu et malheureusement, entre guillemets, je n’avais pas d’autres alternatives que de partir. Je ne pouvais pas refuser. C’était un crève cœur forcément, je m’épanouissais, je touchais 100 ballons par match, on était installé, avec Nestor Fabbri, je pense qu’on était de bons accompagnants pour les jeunes joueurs.
Pourquoi n’aviez-vous pas d’autre choix ?
C’est très simple. Je suis à Nantes depuis juillet 1996, je me suis installé dans la peau du titulaire dès ma première année avec Jean-Claude Suaudeau où on fait une saison exceptionnelle grâce à la remontée fantastique qui nous permet de terminer troisième. Je continue avec Raynald Denoueix comme titulaire, mais j’ai besoin, à ce moment-là, d’une renégociation autour de mon contrat. Je l’avais signé au moment où j’arrivais de Lorient, en Ligue 2, sur la pointe des pieds. Depuis, mon contrat n’avait pas été revu alors que je m’étais installé comme titulaire au FC Nantes. Mais à ce moment-là, il n’y a plus de président au FC Nantes. C’est Alain Flores, le directeur financier qui fait l’intérim, il n’y a plus trop de moyens et là, le Stade Rennais se présente. C’est quand même François Pineau qui arrive comme actionnaire, Paul Le Guen sur le banc, ils veulent installer une forte identité bretonne et ils me veulent absolument. Je l’explique à Nantes, mais il n’y a aucune possibilité pour le club de me proposer quelque chose donc je vais voir Raynald Denoueix, je lui explique. On a une discussion, dont il doit se souvenir d’ailleurs, qui est très humaine, très sincère, mais aussi très douloureuse, mais je n’ai pas d’autre choix parce que je n’ai plus de temps à perdre. Je ne vais pas vous cacher que, je n’ai pas pleuré, mais ça a été des moments très difficiles parce que je savais ce que je quittais. Mais j’avais besoin à 27 ans de valoriser à tous les niveaux ma carrière et je deviens un des premiers joueurs à faire le chemin inverse alors que beaucoup avaient l’habitude de faire le trajet entre Rennes et Nantes.
Et clin d’œil du destin, il y a ce match à Rennes, quelques semaines avant votre transfert.
Oui, il intervient une quinzaine de jours avant mon départ. Je sais que je signe à Rennes et je marque le coup franc à la 93ᵉ qui nous permet de gagner 3-2. Et quand vous voyez mon visage et ma joie sur le moment, même si je sais que je vais signer à Rennes, je suis impliqué de la même façon. Jusqu’au bout, j’aurais joué le jeu, j’aurai tout donné pour ce club là qui était très important à mes yeux sur ce qu’était le football, dans mon imaginaire.
À ce propos, quel est l’entraîneur qui vous a le plus marqué ?
Jean-Claude Suaudeau, Raynald Denoueix et Christian Gourcuff sont trois techniciens exceptionnels et qui ont été terriblement marquants pour moi, mais celui qui m’a marqué dans l’approche, c’est Jean-Claude Suaudeau. Je me souviens très bien que pour ma première préparation de match en Ligue 1, ce qui est quelque chose, et alors que je sortais d’un entraîneur comme Christian Gourcuff qui maitrisait tout, il prend la parole 3-4 heures avant la rencontre et dit : ‘bon, les matches amicaux ont eu lieu, on a bien travaillé cette semaine, bon les gars, voici le XI, maintenant comment on joue ?’ Et là Japhet prend la parole, Jean-Michel Ferri, Claude Makélélé un petit peu, Serge Le Dizet et ce sont les joueurs avec l’entraineur qui préparent le match. Moi, je regarde ça en me demandant où est-ce que je suis tombé. Quand on y pense, c’est exceptionnel. En général, aucun joueur ne bronche lors des causeries. J’avais été bluffé. C’est comme quand je lui dis : ‘coach, j’arrive de Ligue 2, j’ai fait la préparation, vous me faites jouer. Mais dans quel secteur de jeu dois-je progresser ?’. J’essayais d’avoir son avis. Et lui me dit : ‘oui, t’es un milieu de terrain, mais c’est quoi pour toi un milieu de terrain ?’ Ses réponses étaient des questions aussi (rires) et c’était à moi de trouver la clé. C’était surprenant, mais tellement enrichissant de comprendre ce qu’il voulait, quel football il voulait que ses joueurs produisent, ça m’a marqué.
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