“Aller au-delà des ajustements pour casser les lignes” : à quelques semaines des Jeux de Paris 2024, qui se veulent “strictement paritaires”, Stéphane Viry, député Les Républicains (LR), a voulu parler fort lors de la restitution, le 4 juin à l’Assemblée nationale, du rapport d’information sur le développement de la pratique féminine du sport qu’il a co-piloté avec Véronique Riotton, Renaissance (RE). Cette dernière, présidente de la délégation aux droits des femmes, complète en relevant le caractère très concret de l’exercice qui s’est appuyé sur l’audition de 70 acteurs du sport.
Des recommandations en cinq axes
“Nous avons rédigé 48 recommandations pour répondre aux enjeux d’éducation, de développement du sport tout au long de la vie, de visibilité du sport féminin, de gouvernance et de financement”, a-t-elle annoncé, rappelant que seulement 38 % des licenciés sportifs sont des femmes et que le sport féminin reste peu visible dans les médias. “Selon l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique), entre 2018 et 2021, 4,5 % des contenus sportifs à la télé concernaient le sport féminin, alors que 64 % des Français regarderaient du sport féminin si l’offre existait”, a rappelé la députée.
Et, puisque “les stéréotypes de genre se construisent dès la cour d’école où le foot, et les garçons, tiennent souvent le centre du terrain, les filles étant reléguées dans les coins”, selon la députée, les rapporteurs recommandent de former les enseignants et les encadrants sportifs à leur déconstruction et à l’égalité, mais aussi d’informer les collectivités territoriales sur le rôle du design actif dans les cours d’école pour développer les pratiques sportives mixtes. “Elles peuvent s’appuyer sur le plan 5000 équipements, qui a déjà permis de mettre en place du design actif dans 170 cours d’école en 2023”, souligne Véronique Riotton, avec l’objectif d’en aménager un millier d’ici à 2025.
Plan Marshall des vestiaires et des sanitaires
En matière d’équipement, comme l’expose Stéphane Viry, la mission propose un “plan Marshall des vestiaires et des sanitaires des gymnases avec l’idée d’offrir aux femmes des conditions minimales pour qu’elles puissent pratiquer en toute quiétude et en toute sécurité”, avec un état des lieux qui pourrait être assuré par l’État, des travaux mis en œuvre par les collectivités propriétaires. “Il y a une telle situation de carence qu’il arrive que certaines sportives se changent dans des placards à balais”, relate-t-il, suggérant d’utiliser la taxe Buffet dédiée à la féminisation du sport pour financer un tel plan.
Enfin, outre les nombreux domaines d’intervention où les collectivités peuvent contribuer à la féminisation des pratiques – aux côtés de l’Éducation nationale, dans l’événementiel, en soutenant les clubs dans la visibilité des sections féminines ou une gouvernance plus mixte… -, le rapport leur attribue un rôle fort et direct, comme à l’Agence nationale du sport : le financement. À l’ANS, le texte suggère ainsi de consacrer à l’horizon 2030 20 % de son budget au sport féminin, contre 13 % de ses 44 000 financements actuellement. À son attention et à celle des collectivités, les parlementaires recommandent également, “avant le versement de toute subvention publique, de vérifier que l’entité bénéficiaire respecte effectivement les lois en matière de parité dans le monde sportif”. Ou encore, de “lier le versement de subventions publiques à la mise en place de mesures concrètes en faveur du sport féminin”. Voire, enfin, d’accroître la part des financements accordés au sport féminin via la budgétisation intégrant l’égalité (BIE). Comme le pratiquent déjà les villes de Lyon, Strasbourg, Nantes, Brest ou Montreuil.
“La parité est encore loin dans le sport, au-delà des Jeux paritaires, elle doit faire partie de l’héritage, pour donner envie aux femmes de faire du sport et leur donner une place dans les instances de gouvernance. Les Alpes françaises devraient obtenir l’organisation des Jeux d’hiver de 2030. C’est une opportunité pour justement mettre en œuvre la parité parmi les athlètes et les organisateurs”, conclut Véronique Riotton.
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